28-10 Foum Zguid Marrakech 350Km Oueds en crue


Le vent a soufflé toute la nuit, réveil comme d’habitude à 6h00, petit déj, on charge les motos et pour la troisième fois, séance démonte pneu dans le garage, la roue avant de Patrick encore une fois à plat. Faut dire qu’il a la main, et que maintenant ça va vite, Midas et Euromaster n’ont qu’à bien se tenir. Dans le garage il y a une Honda Transalp qu’un allemand a complètement chiffonné sur la piste quelques jours auparavant (sans trop de gravité pour lui). Elle est en attente de rapatriement, elle est montée en pneus Michelin désert en parfait état, et je dois avouer que l’idée d’un échange standard nous a effleuré, le T63 c’est mieux à Karlsruhe (adresse collé sur le bidon), même le gérant de l’hôtel nous dit que l’on peut. Mais bon on en reste là et ne passe pas à l’acte.




Départ, les nuages sont bien accrochés à la montagne, on traverse Foum Zguid, à la sortie du village le radier pour le passage à gué est couvert d’un épaisse couche de boue et l’oued coule à flots bien boueux, ce n’est pas de bon augure tout ça.
Arrêt à la station service, plein des motos, vérif du niveau d’huile, complément pour Patrick, à la vue de l’oued on décide d’aller voir sur la piste prévue si les oueds sont en crue, si c’est le cas on avisera.



On part, 9 petits km et on attaque la piste. Elle serpente autour d’un oued complètement à sec, tout va bien, on roule souple et tout d’un coup une belle saignée, freinage un peu catastrophe, je me mets en vrac, mais ça passe (juste). Patrick a dû voir ma figure de style et aura été ainsi prévenu. Je me retourne, et en plein milieu de la saignée un XR à terre et Patrick assis à coté, demi tour, tout va bien, pas de mal, enfin pour Patrick, l’XR lui a perdu sa plaque phare, le compteur ne va plus compter grand-chose, le rétro ça sert à rien en tout terrain, et le garde boue va pas la garder bien longtemps si ça continue. En général c’est plutôt moi qui me traine parterre.
On continue, on jardine un peu dans un village pour sortir sur la bonne piste, et puis peu à peu on rentre dans une vallée vraiment splendide, avec des oasis de montagne, des petits villages, les gens très sympas nous font des signes partout les enfants aussi (sans demander stylos ni bonbons), un vrai régal. On prend de l’altitude, on s’approche des nuages, la piste pierreuse et humide est très glissante surtout avec des motos surgonflées et surchargées, la roue avant cherche à vivre sa vie à plusieurs reprises, on assure.

On est proche du sommet du col dans les nuages, cette piste est superbe malgré le temps. Au sommet du col on a un panorama extraordinaire sur la plaine et le village d’Issil avec l’orage qui menace, inoubliable.

On roule maintenant dans la vallée, c’est bien boueux et bien gras. Premier gué dans Issil, il y a des traces de camion, les villageois nous indiquent où passer, Patrick se lance en premier, ça passe.
Rapidement, le deuxième gué, pas très grand, même pas peur. Le suivant est un peu plus large, l’eau est boueuse on ne voit pas le fond, encore une fois Patrick s’engage, sans problème. On progresse.

On arrive à une petite école, je m’approche, l’instituteur sort, j’ai une petite poignée de stylos que je lui donne pour ses élèves. Il ne parle pratiquement pas français, mais suffisamment pour nous dire que la piste est ‘’finie ‘’ un peu plus loin, aïe ce n’est pas bon du tout ça. De toute façon on y est, on va voir.
On arrive rapidement sur un gué large avec pas mal d’eau et du courant, ça passe, ça passe pas ?
Un local nous explique qu’il faut attendre, Patrick décide d’aller sonder à pied, le gars le précède, tombe les godasses, remonte les jambes de son pantalon et prend Patrick par la main pour la traversée. En fait il n’y a pas trop d’eau sauf à deux endroits et plus particulièrement à la sortie où Patrick a de l’eau jusqu’aux genoux. Lui il est grand, c’est pour cela que je n’y suis pas allé, jusqu’au genou ça passe, à mi-cuisse (voire plus) ça passe plus. Et mi cuisse chez moi c'est genou chez lui, donc ça passe mieux si c'est lui qui va voir CQFD.


Je me lance en premier ça passe, Patrick ensuite sans problème. Pour remercier le local de son aide, nous lui donnons notre pique nique, (sardines et vache qui rit), il pose pour la photo.

Reste-t-il d’autres gués avant la route, Inch allah. C’était le dernier. Arrivés sur le goudron on prend à droite et on se dirige droit sur l’orage, décidemment ça devient une manie. Arrêt, enfilage des combinaisons de pluie, brillante idée car dans les minutes qui vont suivre on va déguster. Ca souffle fort en rafale, on est obligé de conduire d’une main, et se protéger le nez de l’autre, chaque goutte ressemble à une piqure. Tazenakht n’est qu’à 20 Km, mais on les a trouvés longs.
Arrêt restau, de toute façon on n’a plus de pique nique et il vase. Tajine kefta extra, thé à la menthe, ça va mieux. Dans le troquet trois motards en routières nous expliquent qu’ils arrivent de Ouarzazate, ils ont traversé des oueds en crues tout le long. L’un d’entre eux roule avec un petit 100 cm3 deux temps et se rend au Bénin, courageux le type.
On jette un coup d’œil sur la carte pour la piste prévue l’après midi (piste F7 du tome 2 Gandini), elle débute dans un oued, sagement on décide de prendre la route.

Arrivés au carrefour avec la nationale 9, on décide de renoncer à Ouarzazate (on ne verra pas Ait Benhaddou et la piste du Telouet. une excuse pour revenir) et on tire directement sur Marrakech, 180 km par le Tizi n’Tichka (col) avec un passage à près de 2200m d’altitude dans la tempête, ça s’annonce bien. Par endroit le col est recouvert de boue entrainée par l’orage, on s’arrête dans une station essence, plus d’électricité donc plus de pompe (ah l’essence en bidon à Mhamid !!!). Bref une montée et une descente de col assez dantesque, pluie, vent, grêle (pour être honnête trois ou quatre grêlons pas plus), boue, gravier, voiture pliée contre un petit camion, bus stoppé avec l’avant enfoncé, on double le chasse neige, Aïe, la neige ? non en fait c’est pour évacuer la boue et les graviers, ouf .
Bref du goudron mais qui vaut bien des pistes.
On double les gars en Cherokee, mais là on pas vraiment envie d’une bière.
30 km avant Marrakech, arrêt essence, coup de fil à l’hôtel Toulousain (où voulez vous que j’aille), réservation. On repart.
Sur cette route de nuit j’ai eu bien plus peur que dans le col sous l’orage, il y a de tout sur la route, des piétons, des mobylettes, des vélos, des charrettes, personne n’a d’éclairage, les voitures roulent comme des branques. En plus il ne faut pas que l’on se perde. On finit par arriver à Marrakech, on se fait guider jusqu’à l’hôtel par un jeune.
La douche est chaude. Une bière dans un bar, (ils sont quasi tous bourrés la dedans mais pas d’agressivité, ça rigole).
Place Jemaa El Fna, c’est bon on y est.

"Hé Patrick, on est moulu, hein !!!...."

La suite.......